-Né ici ? Tu n'as donc jamais voyager.. Moi, je ne vis plus à Venise depuis environ l'année 1600. Je n'ai pas eu vraiment le choix mais..
Nous nous étions assis et elle commanda deux whisky. Elle avait bon goût en boisson, c'était ça. Je la regardais, appuyant mon menton sur ma main. Je n'étais plus vraiment motivé pour chasser. Rien dans cette pièce ne me donnait envie. Comme du jambon blanc lorsqu'on a envie d'un beef-steak -enfin simple image humaine. Rien n'éveillait la curiosité ni même mon désir de jouer. Tout était fade, insignifiant. Je soupirai et me laissai basculer en arrière.
-Non, je n'ai pas vécu toute ma vie ici. Sinon je me serais fait remarquer ne crois-tu pas ? Rétorquai-je avec plus de sarcasme que je n'aurais voulu.
Cette question était absurde pour un vampire. C'était le B.A.-BA du vampire... (Oui oui, j'apprenais des mots d'aujourd'hui). Qui aurait pu rester chez lui une fois transformé ? Peu de monde selon moi. Même elle avait été chassé d'après ses propos.
Les boissons arrivèrent enfin et je regardai la serveuse rougissante pour tenter de lui trouver quelques qualités si ce n'était sa jugulaire frémissante sous sa peau. Elle repartit précipitamment d'une démarche mal-assurée. Peut être mon regard avait-il été trop vorace pour cette vierge effarouchée ? Cette pensée m'arracha un petit sourire mauvais. J'aimais corrompre ces jeunes filles... Je me tournai à nouveau vers ma vampirette du soir .
-Moi aussi j'ai beaucoup voyagé. On peut même dire que j'ai fait le tour du monde, repris-je d'un air désabusé.
Je bus une gorgée de l'élixir ambré. Il était amer et brûlait la gorge. Pas un de ceux que je préférais mais j'allais m'en contenter pour cette fois. La serveuse repassa, évitant à tout prix mon regard ce qui provoqua en moi un rire moqueur.
J'avalais une fois de plus une lampée de whisky , appréciant un peu plus le goût en bouche.
Je me concentrai à nouveau sur mon interlocutrice.
-20 ans d'age. Pas terrible... conclus-je en véritable connaisseur en usant de mon humour démesuré.
Oui oui, j'aimais sortir des conneries, surtout quand je n'étais pas d'humeur à rire.
-Et toi alors ? Pourquoi es-tu partie ?
Si elle en avait parlé c'était pour que je lui pose la question. Elle brûlait sans doute de me raconter. Si elle voulait passer pour une maline c'était raté... Je commençais à saisir les femmes...